En Israël, des soldats ont la gâchette facile

Des policiers israéliens près de la colonie de Bet El, à proximité de Ramallah, le 20 octobre. Photo Ammar Awad. Reuters
Des policiers israéliens près de la colonie de Bet El, à proximité de Ramallah, le 20 octobre. Photo Ammar Awad. Reuters

Selon une enquête de l’armée, les militaires auraient pu «neutraliser», et non tuer, une jeune fille de 18 ans qui refusait de se soumettre à un contrôle. Et cinq soldats sont accusés de torture.

Par Nissim Behar, (à Tel-Aviv) 

Un Palestinien a été tué et un autre blessé lundi matin «après avoir tenté de poignarder des soldats israéliens» en faction devant le point de passage de Gilboa séparant la région de Jénine (Cisjordanie) de l’Etat hébreu. La scène n’ayant eu d’autres témoins que les militaires, toutes les informations relatives à cette affaire proviennent du porte-parole de Tsahal (l’armée). Comme dans la plupart des autres cas, d’ailleurs.

Depuis le 1er octobre, date du déclenchement de l’«intifada des couteaux», 10 Israéliens ont été tués au cours d’une attaque à l’arme blanche et 69 Palestiniens ont perdu la vie parce qu’ils assaillaient des militaires et des civils, tentaient de le faire ou étaient soupçonnés de vouloir passer à l’action. Leur exécution extrajudiciaire était-elle justifiée ? Les soldats de l’Etat hébreu n’ont-ils pas tendance à presser un peu trop rapidement sur la détente en raison du stress, de la peur, de la fatigue et du sentiment de voir un «terroriste» dans chaque Palestinien qui se présente devant eux ?

Neutralisation possible

Après la mort d’Adil al-Hachlamoun, une jeune fille de 18 ans entièrement voilée qui a été abattue le 22 septembre par trois soldats alors qu’elle refusait de se soumettre à un contrôle, une commission d’enquête de l’armée a conclu que les soldats «ont agi comme il le fallait», puisque la jeune fille transportait un poignard dans ses vêtements et qu’elle a refusé de le laisser tomber au sol. Cependant, le même rapport estime que les soldats n’étaient pas obligés de la tuer. Qu’ils auraient très bien pu la neutraliser en lui tirant quelques balles dans le bas du corps. Une technique d’ailleurs utilisée quinze jours plus tard, lorsque Asra’a Abed, 30 ans, a été cernée dans la gare centrale des autobus d’Afoula avec un couteau à la main.

Les soldats en faction à Hébron le 22 septembre ne seront donc pas sanctionnés, mais les autres sont priés d’être moins prompts à ouvrir le feu. La justice militaire israélienne enquête sur plusieurs autres morts suspectes de Palestiniens soupçonnés, à tort ou à raison, d’être des poignardeurs, ainsi que sur des comportements extrêmes de militaires.

Torture à l’electricité

Elle le fait sans enthousiasme et parce que ces investigations permettent de couper l’herbe sous le pied de l’Autorité palestinienne (AP), qui menace de «porter ces crimes à la connaissance de la Cour pénale internationale». Dimanche, cinq soldats ont ainsi été mis en examen par le tribunal militaire de Jaffa (Tel-Aviv) pour avoir, en octobre, battu et torturé des Palestiniens à proximité du point de passage de Gilboa cité plus haut.

Identifié par la lettre «R», la première lettre de son prénom, l’un des inculpés doit répondre de faits encore plus graves que ses compagnons, puisqu’il a «travaillé» un Palestinien à l’électricité pour le faire parler, tout en filmant la scène avec son smartphone. Et en augmentant la puissance de la charge chaque fois que le prisonnier le suppliait d’arrêter. Selon l’acte d’accusation, «R» a dû prendre goût à la pratique de la gégène, puisqu’il a recommencé quelques jours plus tard, près de la ville palestinienne de Tulkarem, avec un autre «suspect» qui n’avait rien de plus à se reprocher que le précédent.

Nissim Behar (à Tel-Aviv)

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